L'Histoire

La plus ancienne région viticole connue de France

La Peira Terrasses du Larzac (crédit photo: Georges Souche)

Ce sont les premiers vignobles étendus en France dont nous pouvons être sûrs

Les vignobles de Matissat se situent dans une zone viticole ancestrale : la plus ancienne région viticole connue de France. Hugh Johnson déclare dans son ouvrage Une histoire mondiale du vin :

« Ce sont les premiers vignobles étendus en France dont nous pouvons être sûrs. »

Le vignoble est situé dans le hameau de Sainte-Brigitte, dans la commune de Saint-André-de-Sangonis, désignée AOC depuis plus d’un demi-siècle, et représentant la zone la plus au nord des deux zones de l’AOC Clairette (1948).

 

La plus ancienne cave viticole de France découverte

La plus ancienne cave viticole de France découverte

À proximité, et toujours dans l’AOC Clairette, le plus ancien chai gallo-romain connu en France a été découvert près de La Pèira en 2007 (Source : Le plus ancien domaine viticole de France découvert – Decanter Magazine / Découverte d’un vaste chai gallo-romain 2007 – Le Figaro 2007).

Matissat se trouve également dans la région de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) Clairette, décrétée en 1948, juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale – l’une des premières AOC de France. La Clairette est un cépage assez ancien (la plus ancienne cave connue de France se trouve également dans la région de l’AOC Clairette) et continue encore aujourd’hui d’être cultivée sur le domaine.

L’appellation Matissat renvoie au domaine situé au pied du plateau du Larzac, dans le nord de l’Hérault, se trouvant à mi-chemin entre deux villages et correspond au lieu de production du Roquefort – la plus ancienne appellation de France et la première du monde (1925).

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Ici, dans les villages de Pégairolles-de-l’Escalette et d’Octon, les pâturages de brebis de Lacaune, Manech et Basco-Béarnaise sont dédiés à la production du Roquefort et côtoient la culture de la Syrah, du Grenache et du Mourvèdre, des vins des Terrasses du Larzac.

Après ce point, la culture de l’olivier et de la vigne semble se faire plus rare.

La première mention du vin français dans la littérature

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« Lorsque vous avez passé une fois en France ou en Gaule, le vin de Beterræ est le plus demandé »
Histoire Naturelle de Pline (77–79 après J.-C.)

La première mention du vin français dans la littérature, comme étant de qualité significative, se trouve dans l’Histoire naturelle de Pline (77-79 ap. J.-C.), où les vins de Baeterrae [Béziers], se trouvant à proximité, sont cités comme dignes de note, tout comme les vins résineux de Vienne :

« Lorsque vous avez passé une fois en France ou en Gaule, le vin de Beterræ est le plus demandé »

[CHAP. VI. Histoire Naturelle de Pline : Des vins généreux faits des meilleurs raisins. Trad. PHILEMON HOLLAND 1601]

William Smith, dans A Dictionary of Greek and Roman Antiquities (1875), écrit :

« Parmi les vins de la Gaule méridionale, seul celui de Baeterrae jouissait d’une haute réputation. »

En 1879, deux amphores portant des inscriptions de la région de Béziers furent découvertes à Castro Pretorio à Rome par Heinrich Dressel. Une inscription, datée de la première moitié du Ier siècle après J.-C., indiquait : « Je suis un vin blanc de Béziers et j’ai 5 ans. »

Les vins de Béziers étaient cultivés le long de la rive du fleuve Hérault, là où est produite la cuvée Matissat, comme le montre cette carte des sites archéologiques des premières productions viticoles connues de France.

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La Peira « Il y a eu plus d’engouement autour de ce domaine que pour tout autre depuis Daumas Gassac » Paul Strang

« Il y a eu plus d’engouement autour de ce Paul Strang domaine que pour tout autre depuis Daumas Gassac »

Ainsi écrivit Paul Strang à propos du domaine La Pèira de Matissat dans son livre The Wines and the Wine Makers.

Daumas Gassac a mené la renaissance de la production de vins fins dans le sud de la France dans les années 1970 et 1980.

Rob Dougan, propriétaire, parlait de l’excitation d’être un explorateur du monde moderne lors d’une interview en 2013 :

« L’idée que nous pouvons faire l’histoire maintenant, et que nous pouvons en faire partie est passionnante… La région du Sud de la France en général, est a région qui se dévoile sous nos yeux, de notre vivant.

Comme si nous aimerions retourner en Bourgogne et voir la naissance de la Bourgogne quand les découvertes ont été faites.

Combien ne donnerions-nous pas pour retourner à cette époque? Et faire partie de ça? Et voir tout cela se produire? Et voir ces expressions célèbres et merveilleuses dans leur premier moment d’allumage de cette flamme?

Ou pour retourner à Bordeaux, quand les ingénieurs néerlandais drainaient les marécages, et qu’ils allaient planter les premières de ces vignes célèbres? Quand ils n’avaient aucune certitude sur ce qui allait être accompli, et qu’ils découvraient juste cela… nous avons ce processus qui se déroule devant nos yeux, de notre vivant. »

« Un mourvèdre mémorable, qui n’a pas son
pareil dans l’Hexagone »

La Peira Terrasses du Larzac (crédit photo: Georges Souche)

Écrivant pour Gourmet Traveller Wine en 2013, Andrew Jefford a noté à propos du millésime 2007 : « Un mourvèdre mémorable, qui n’a pas son pareil dans l’Hexagone. »

Il poursuit :

« Ils ont créé des vins exceptionnels, des vins susceptibles de perturber la perception qu’a le consommateur du Languedoc, capables de rivaliser avec les meilleurs crus du bordelais et du Rhône. »

Des zones de culture comme Bandol viennent à l’esprit quand on pense au Mourvèdre, ou à certains vins comme le bien connu « Hommage » de Beaucastel.

Pourtant, de tels vins et ces exemples notables sont principalement des assemblages.

Le Beaucastel est composé à 60 % de Mourvèdre, et les domaines de premier plan à Bandol (que certains considèrent comme le bastion du Mourvèdre en bord de mer) déconseillent même souvent la mise en bouteille de pur Mourvèdre.

Loin des vignobles côtiers et dans les collines intérieures de l’Hérault, en 2007, Matissat était ici un pur Mourvèdre qui était complet, complexe et valable en ses propres termes singuliers, comme un Nebbiolo cultivé à Barolo ou Barbaresco, ou un Pinot Noir cultivé en Bourgogne.

Tardif à mûrir, tannique et doté d’un caractère terrestre et inimitable, le Mourvèdre possède également une capacité extraordinaire de vieillissement, se dévoilant et révélant davantage avec le temps. La description du cépage par Andrew Jefford est intéressante :

« Il me rappelle le minuit : sombre, silencieux, impénétrable, énigmatique… mais, à son meilleur, rempli d’une étrange magie. »

Un lieu où le monde Moderne a commencé

La Peira Terrasses du Larzac (crédit photo: Georges Souche)

Vers l’époque où Gaspard de Stérimberg, fatigué de massacrer les Cathares dans le sud de la France, est parti se retirer et redécorer son petit logis (maintenant célèbre) sur la colline de l’Hermitage, la région où nous travaillons était encore connue sous le nom d’Occitanie.

Le nom signifiait simplement la région (composée d’un groupe de fiefs changeants couvrant le Sud de la France, Monaco, des parties de l’Italie et de l’Espagne) où l’on parlait l’occitan (ou Òc).

La première langue de Richard Coeur de Lion était l’occitan, tout comme celle de sa mère, Aliénor d’Aquitaine.

Plus significativement, c’était celle de son arrière-grandpère, Guillaume IX, l’un des premiers poètes occitans (Troubadours). La poésie des Troubadours, force littéraire dominante en Europe de 1100 à 1350, a en effet inventé l’idée de passer du latin classique à la littérature écrite dans les langues romanes européennes, qui étaient effectivement parlées au quotidien.

Ce mouvement a stimulé les Italiens, les Français, et les Anglais (Chaucer). En 1210, Raimon Vidal de Bezaudun a écrit Razos de trobar dans lequel il a affirmé la supériorité de l’occitan sur tous les autres vernaculaires européens.

Cela a en partie incité Dante Alighieri à écrire De Vulgari Eloquentia (« De la littérature en langue vernaculaire ») un essai sur l’évolution historique de la langue et la recherche de l’auteur pour un vernaculaire illustre (indigène) parmi les quatorze variétés qu’il prétend avoir trouvé dans la région italienne.

Dante fait la différence entre les trois principales langues romanes de l’époque, la ‘Lingua d’Òc’ (Occitan), ‘Lingua di Sì’ (Italien), et ‘Lingua d’Oïl’ (Ancien Français), notant que la langue de l’Occitan (Òc) était particulièrement adaptée à la poésie, tandis que l’Ancien Français (Oïl) était plus adapté à, «des oeuvres d’histoire et de connaissance», et citant le poète troubadour Peire d’Alvernhe.

Dante avait envisagé d’écrire La Divine Comédie en occitan avant de choisir son dialecte florentin natal.

À la fin du XIXe siècle, les efforts de Frédéric Mistral pour revitaliser la langue occitane—ou provençale—à travers ses oeuvres (et le mouvement Félibrige) lui ont valu le prix Nobel en 1904.

Un souhait de défendre l’un des plus grands trésors et cultures régionales de l’Europe

La Peira Terrasses du Larzac (crédit photo: Georges Souche)

Près du vignoble de Matissat se trouvent plusieurs sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. Sur l’ancienne route des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, il y a l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert fondée en 804 après J-C. On y accède par un autre site, le Pont du Diable du XIe siècle - le vieux pont de pierre qui reliait les abbayes bénédictines d’Aniane et de Saint-Guilhem.

Nous avons toujours considéré toute notre région, ses vignobles, son histoire, ses cuisines, ses habitants, ses coutumes et ses traditions comme un grand site du patrimoine mondial.